Économie / 24 septembre 2019

N°39 – L’Allemagne en compétition

Le ralentissement allemand est-il un problème keynésien ?

Au T2 2019, le PIB allemand s’est replié de -0,1%, après une croissance de 0,4% au T1.

Cette décroissance est particulièrement le fait des exportations qui diminuent de – 1,3% cvs-cjo quand les importations se réduisent de -0,3%.

Face à cela, la demande domestique fait preuve de solidité avec une croissance de +0,5%, soutenue par la demande publique +0,5%, et une demande des particuliers modérée (+0,1%).

La FBCF (investissement) connait une situation contrastée : la construction se replie (-0,5%) – ce que l’Institut impute à des facteurs trimestriels spécifiques – quand la formation de capital des entreprises se montre plus dynamique.

Commentaires

 L’Allemagne connait un choc externe d’autant plus important que son exposition sectorielle et géographique est forte. 

Pas de panique bien sûr. L’Allemagne reste un moteur économique européen, et même mondial, de premier ordre caractérisé par un chômage exceptionnellement faible.

Ce revirement, à ce stade conjoncturel, n’est pas une bonne nouvelle pour la France : l’Allemagne est son premier client direct en Europe et une récession serait ressentie fortement, au travers notamment de la chaîne de valeur industrielle (chimie, automobile…).

Ceci pose la question de la réaction de l’Allemagne que beaucoup en Europe poussent à augmenter sa dépense publique : en 6 mois, en 2019, l’Allemagne a dégagé 45,3 milliards d’euros d’excédents budgétaires. Avec les taux souverains au plus bas, négatifs sur 30 ans, et à -0,60% à dix ans et une dette sous les 60%, l’Allemagne dispose d’une marge de manœuvre sans précédent.

Il serait simpliste d’y voir une ouverture mécanique vers un soutien par la dépense publique : d’abord la population n’est pas en expansion et le chômage est au plus bas, ce qui ne pousse pas directement à soutenir la demande finale qui d’ailleurs reste croissante, même si elle ralentit.

Ensuite ce que montre les statistiques de ce début d’année c’est un choc externe pour l’Allemagne. Ne pouvant relancer la demande extérieure, notamment chinoise, il serait naturel que l’Allemagne se pose la question de sa compétitivité externe.

Dans ce cadre, il est plus naturel, à la suite d’ailleurs des Etats-Unis, que les regards se tournent vers la compétitivité prix par la baisse de la fiscalité. Incidemment, l’absence de marges de manœuvres budgétaires françaises conduirait alors à creuser encore l’écart avec l’Allemagne et offrirait un faible soutien à la France – si ce n’est par les chaines de valeurs.

II est également possible que l’Allemagne s’interroge sur le hors prix avec les mutations technologiques et environnementales en cours. Elle soutiendrait alors l’investissement – ce serait sans doute une option plus porteuse pour le reste de l’UE.

A l’opposé, la bascule de l’Allemagne vers une économie de demande soutenue par la dépense publique semble assez éloignée tant de ce que disent les données récentes que des choix économiques du pays sur ces vingt dernières années.

 

Analyse à caractère économique ne constituant pas une prise de position.