Depuis la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008, l’INSEE illustre plus fidèlement le tissu économique au travers une meilleure appréhension du concept de groupe. Quatre catégories d’entreprises ont été fixées selon des critères économiques :
• les microentreprises occupent moins de 10 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel ou un total de bilan n’excédant pas 2 M€ ;
• les petites et moyennes entreprises (PME) occupent moins de 250 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 50 M€ ou un total de bilan n’excédant pas 43 M€ ;
• les entreprises de taille intermédiaire (ETI) n’appartiennent pas à la catégorie des PME, occupent moins de 5000 personnes et ont un chiffre d’affaires annuel n’excédant pas 1 500 M€ ou un total de bilan n’excédant pas 2 000 M€ et d) les grandes entreprises sont les entreprises non classées dans les catégories précédentes.
Ce « profilage » apporte au débat public la rigueur statistique requise pour aborder l’enjeu du tissu productif français de façon objective.
L’INSEE a réalisé un important travail méthodologique qui souligne la forte concentration du tissu productif français…
Ces résultats font apparaître un constat sans appel : la très forte concentration de l’activité économique autour d’un nombre réduit d’entreprises. Ainsi, dans une économie constituée de plus de 3,7 millions d’entreprises en 2013, près de 6000 d’entre elles (soit 0,15 % du total) représentent au moins la moitié de chacun des grands indicateurs : 51 % de l’emploi, 56 % de la valeur ajoutée, 64 % du chiffre d’affaires. Disposant chacune d’un effectif supérieur à 250 salariés, ces entreprises sont des ETI (5300) et des grandes entreprises (274).
Si on analyse l’investissement et les exportations, deux composantes essentielles de la croissance économique, la concentration est encore plus forte : selon l’INSEE, les 50 entreprises ayant réalisé les investissements les plus importants concentraient 27 % des investissements (51 % pour les 500 premières et 7 % pour les 5000). Pour les exportations, les 50 premières – pas nécessairement les mêmes que pour l’investissement – concentraient 34 % du total (60 % pour les 500 premières et 86 % pour les 5000 premières).
…et affirme le rôle fondamental
joué par les grandes entreprises…
Avec près de 300 groupes (274 y compris activités financières et de l’assurance, 248 sans ces activités), la catégorie des grandes entreprises est leader sur chacun des principaux indicateurs : 31 % de l’emploi (soit 4,3 millions de salariés), un tiers de la valeur ajoutée, la moitié du chiffre d’affaires à l’export.
Cette situation de leadership des grandes entreprises bénéficie pleinement à leurs salariés, dont la rémunération nette moyenne est supérieure de 19 % à la moyenne nationale (31 440 €/an vs 26 400 €). Ceci est vrai quelle que soit la catégorie socioprofessionnelle étudiée.
Fortement internationalisées, les grandes entreprises tirent une part croissante de leurs résultats des activités exercées dans les différents lieux d’implantation. Loin d’être une menace, ceci est au contraire une condition nécessaire de réussite pour les entreprises et bénéficie pleinement à la France. Selon la Banque de France, sur le champ du CAC 40 « élargi », 44 groupes contribuaient de façon décisive au solde des revenus des transactions courantes de la France. Ainsi, à titre d’illustration, les 45 Md€ de recettes d’investissement direct provenant de l’étranger compensaient entièrement le déficit des échanges de biens en 2013. Ces revenus sont donc une ressource essentielle pour l’économie française.
…ce qui doit se traduire du point de vue
de la politique économique…
Cette ambition doit se traduire concrètement par une politique économique transversale en faveur de la création de richesse. Là où le débat public oppose encore trop souvent les PME aux grandes entreprises et les entreprises aux salariés, aboutissant à des segmentations multiples (seuils fiscaux, sociaux, réglementaires…) et inefficaces, il convient de changer radicalement de logique en associant l’ensemble des parties prenantes afin de créer une dynamique vertueuse. En effet, les grandes entreprises, les ETI, les PME et les start-ups coopèrent activement au niveau local mais aussi dans le développement international, ce qui favorise l’essor d’écosystèmes vivants et collectivement enrichissants (pôles de compétitivité, clusters…). De la même façon, la réussite d’une entreprise est intimement liée à la qualité de son capital humain, qui doit être soutenu et valorisé. A cet égard, la politique économique doit pleinement intégrer dans ses objectifs l’enjeu de la formation initiale et continue : il s’agit là d’une dimension nécessaire pour renforcer à la fois le tissu productif et la cohésion sociale.
Une ambition partagée, une stratégie globale, une action cohérente : telles devraient être les trois lignes directrices pour les années à venir. Au service de l’économie française, les grandes entreprises souhaitent participer activement à un nouveau cycle de croissance durable qui permette toutes les créations (d’activité, d’emploi…) et prépare l’avenir.